Écrans et autisme :
l’alerte virale et sans fondement scientifique

Depuis plus d’un an, Anne-Lise Ducanda, médecin dans une PMI (protection maternelle infantile) de l’Essonne, répand partout où cela est possible une alerte devenue virale sur les troubles liés à la surexposition aux écrans chez le petit enfant et cela a pris des proportions démesurées. Elle fait le tour des plateaux TV, colloques et conférences en assénant ses « observations » sur ce qu’elle considère comme un « sujet majeur de santé publique », et ses Vérités qui n’en sont pas à l’heure actuelle puisque nous disposons déjà d’un panel d’études au sujet des possibles effets nocifs des écrans, en agitant les troubles du spectre de l’autisme comme un chiffon rouge…

L’enfant et les écrans – Avis de l’Académie des sciences

La HAS (Haute Autorité de Santé) rappelle d’ailleurs en page 96 de son argumentaire scientifique, paru le 19 février 2018 qu’aucune étude ne mentionne à ce jour un lien entre surexposition aux écrans et TSA (troubles du spectre de l’autisme). Elle précise même : « En revanche, une étude comparative en Thaïlande suggère que les enfants avec TSA commencent à regarder la télévision plus tôt et passent plus de temps devant la télévision que les enfants au développement ordinaire (525) (Tableau 55). »

TSA – Signes d’alerte, repérage, diagnostic et évaluation chez l’enfant et l’adolescent
– HAS / Service des bonnes pratiques professionnelles

Anne-Lise Ducanda nous parle d’autisme « virtuel », de tableau de signes cliniques similaires en tout point à l’autisme mais qui ne seraient pas de l’autisme, d’autistes « vrais », d’autisme « faux positifs », d’autisme « secondaire aux écrans » …

… De troubles moteurs engendrés par l’utilisation excessive des écrans, de troubles gastriques et même de troubles de l’oralité engendrés selon elle par l’utilisation des écrans pendant les repas. Un questionnaire à ce sujet circule dans les groupes Facebook d’orthophonistes… : Les troubles de l’oralité alimentaire et les écrans

… D’enfants qui progresseraient « miraculeusement » à l’arrêt des écrans et puisqu’ils progressent, cela veut bien dire qu’ils n’étaient pas autistes.

À aucun moment, ni elle, ni les membres de son collectif, COSE (Collectif surexposition Ecrans) n’ont fait mention de la possibilité que l’intérêt particulier de certains enfants pour l’usage des écrans qu’elles observent puisse faire partie des intérêts restreints pourtant présents dans les troubles du spectre de l’autisme.

Les enfants autistes et leurs familles sont les premières victimes de ces allégations, des instituteurs et des infirmières scolaires en arrivent à valider ses propos au point d’organiser des réunions d’informations où de mettre des mots dans les cahiers de liaison des enfants à destination des parents d’élèves, les enjoignant à regarder la vidéo du Dr Ducanda (et Dr Terrasse – médecins de PMI) sur YouTube ou les émissions TV dans lesquelles elle a pu s’exprimer.

Il ne s’agit pas de nier que la surexposition du petit enfant puisse être délétère pour son développement, dans certaines conditions pouvant aussi survenir sans écran. De là à faire l’amalgame avec les TSA, il faut vraiment n’avoir aucune éthique professionnelle. Les membres du COSE admettent d’ailleurs dans un mail en réponse aux interrogations d’un chercheur en neurosciences qu’ils n’ont pas trouvé d’autre moyen pour frapper l’opinion publique.

Le terme d’autisme « virtuel » émane d’un psychiatre roumain l’ayant mentionné pour la première fois en 2013 sur un site orthodoxe.

Ce psychiatre affirme que la majorité des enfants accueillis dans les hôpitaux seraient « autistés » (autizati) par les écrans en avançant le chiffre spectaculaire de 90%.

Autisme virtuel, chronologie d’une épidémie médiatique – Par Serge Tisseron

Son « étude » n’est pourtant pas reconnue internationalement mais les membres du COSE n’en ont cure. Ils s’appuient dessus et brandissent même une seconde étude, allemande celle-ci, mais qui n’a trouvé que peu d’écho, excepté dans le livre de Michel Desmurget (TV lobotomie).

Le mystère de la spectaculaire étude sur les enfants et la télé – Agence Science-Presse

Les orthodoxes roumains à l’origine de cette théorie sont repris par des catholiques traditionalistes, des militants pour l’éducation bienveillante (association Edu Ensemble présidée par Nathalie Vicarini), des écoles (publiques, privées, Montessori) et dans le monde musulman (notamment par le biais de Rima Andaloussia).

Un membre du CSA (conseil supérieur de l’audiovisuel), Carole Bienaimé Besse, a été séduite par le discours du Dr Ducanda et Sabine Duflo, toutes deux membres du COSE et a même relayé la théorie hors des frontières françaises, sites saoudiens etc… par le biais d’une dépêche AFP faisant mention du terme « autisme virtuel ».

https://www.facebook.com/notes/hashtag-autisme-france/carole-bienaim%C3%A9-besse-csa-un-historique-de-collusion-avec-ducanda-autismevirtuel/214088626019243/

Des médias du Maghreb font passer le Dr Ducanda pour une « chercheuse » ou une « scientifique » et des chaînes de TV relayent à fond ces théories à caractère sensationnel.

On n’est même plus dans le « virtuel ».

L’exposition aux écrans et l’autisme – Par le Centre Yasmine Breton (http://autismemaroc.com)

Une psychologue orthophoniste du nom de Rima Dodi Drioueche vivant au Qatar a inventé, peu après les premières publications de Marius Teodor Zamfir, sa « thérapie Andaloussia » (anéantir l’autisme), affirmant que l’autisme est une épidémie produite par l’exposition aux écrans et aux ondes radios (aux vaccins aussi, tant qu’à faire) et qu’il suffit de suivre son programme pour que les enfants soient sauvés de l’autisme (et grâce à Dieu aussi) …

Pour elle, l’autisme résulte avant tout d’une privation maternelle, elle appuie ses affirmations en citant René Spitz et Winnicott.

Son « programme » fait des ravages au Maghreb, plusieurs dizaines de pages et groupes Facebook font la promotion de sa « thérapie » et des témoignages nous remontent, indiquant que les familles suspendent les programmes d’interventions pour leurs enfants, quand elles ne les déscolarisent pas.

Ses théories, traduites en français par une maman algérienne persuadée d’avoir sauvé son enfant de l’autisme grâce à Andaloussia trouvent également un certain écho auprès des familles des quartiers défavorisés (terrain de jeu de Ducanda).

Plus surprenant encore sont les liens historiques entre les membres du COSE et d’autres collectifs qui militent depuis plusieurs années contre l’invasion des écrans.

On retrouve ainsi Sabine Duflo, psychologue clinicienne formée à la psychanalyse et membre de « Alerte écrans » (association pour l’éducation à la réduction du temps d’écran), qui collabore avec EDUPAX fondée par Jacques Brodeur, un enseignant retraité connu au Canada pour militer depuis des années contre l’usage des écrans. On peut d’ailleurs retrouver des liens sur le Dr Ducanda sur sa page Facebook ou des commentaires de ce dernier sur le site du COSE, peu élogieux envers l’avis rendu par l’Académie des sciences en 2013 :

http://emag.eps-ville-evrard.fr/n4/initiatives/4-pas-pour-mieux-avancer-une-methode-qui-fait-campagne/

http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/14/ne-livrons-pas-nos-enfants-a-une-economie-milliardaire_5256478_3232.html

http://www.edupax.org/

D’autres membres du COSE avaient déjà fondé d’autres associations, militant également contre l’usage des écrans :

http://www.alertecran.org/

https://www.facebook.com/JouePenseParle/

http://www.cogi-act.com/

On retrouve également un autre enseignant français, membre du COSE et farouchement opposé à l’usage du numérique, auteur du blog « La vie moderne » et ayant déjà participé à plusieurs colloques en compagnie de Sabine Duflo et Jacques Brodeur, bien avant la création du collectif COSE. Très actif sur Twitter, il prend un malin plaisir à harceler sur les comptes des enseignants favorables au numérique dans les apprentissages.

Les troubles chez les tout-petits surexposés aux écrans – Sur www.laviemoderne.net

Comment j’ai pourri le web dixit Loys Bonod – Par Hamelin de Guettelet

Plus inquiétant encore ; le collectif COSE s’appuie sur l’argument fallacieux du coût financier que provoqueraient ces troubles liés aux écrans, un moyen d’influencer les gens pour qu’ils n’aillent pas chercher trop loin, pratique exercée également dans son pays par le psychiatre roumain à l’origine de cette théorie :

« Un défi en termes de santé publique, car les coûts associés au développement de ces troubles du comportement, qui peuvent ressembler à l’autisme, sont considérables (AVS à l’école, allocation enfant handicapé, services dédiés…) »

L’immense nocivité des écrans sur le développement des jeunes enfants Tribune de Nathalie Vicarini, Caroline Fel, Anne-Lise Ducanda et Madeline da Silva sur www.LeFigaro.fr

On peut lire des propos de la même teneur dans une autre tribune du Monde :

« La surexposition aux écrans est pour nous une des causes de retard grave de développement sur laquelle nous pouvons agir de façon efficace. Ces symptômes ont un coût pour la société qu’il est urgent d’évaluer. Aujourd’hui, ces enfants sont adressés systématiquement pour un bilan hospitalier puis pour une prise en charge multidisciplinaire et entrent dans le champ du handicap. La première intention de tout professionnel de l’enfance devrait être de poser la question de l’exposition aux écrans. »

« Quelques petites info de fin d’année » – Par Cogi’act et COSE

« Parallèlement, les dossiers auprès des maisons départementales pour personnes handicapées (MDPH) et demandes d’auxiliaires de vie scolaire (AVS) augmentent. 3 160 en 2015 dans l’Essonne contre 1050 en 2010. Depuis qu’elle a posté une vidéo sur YouTube et depuis la publication d’une tribune dans Le Monde (daté 31mai) dénonçant cette situation, les témoignages affluent. « Il y a beaucoup d’enfants étiquetés autistes à tort », constate Mme Ducanda. Elle conseille alors aux parents un sevrage numérique. »

Écrans : La grande déconnexion parents-bébés – Le Monde

Trois élues, dont une députée, ont déjà été identifiées comme soutiens publics du collectif COSE, deux d’entre elles ont d’ailleurs cosignée une tribune et une pétition demandant de nouvelles études sur la surexposition aux écrans.

https://www.mariefrancelorho.fr/2018/03/06/surexposition-aux-ecrans-enfants-danger/

Les alertes sur ce sujet mentionnant le terme « autisme » ou « troubles autistiques », propagées à tort et à travers dans les médias, conjuguées à la promesse d’économie budgétaire, tentent d’empêcher la possibilité d’une recherche scientifique rationnelle, dépassionnée.

Et cerise sur le gâteau, voilà que le président de la SFPEADA : Société Française de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent, le Pr Daniel Marcelli, se pique d’apporter son soutien au collectif COSE, exigeant de nouvelles études, fustigeant au passage les mamans qui ont porté plainte contre le Dr Ducanda pour ce qui leur apparaît comme une entrave au diagnostic et une infraction à l’Article 13 (article R.4127-13 du code de la santé publique) :

« Lorsque le médecin participe à une action d’information du public de caractère éducatif et sanitaire, quel qu’en soit le moyen de diffusion, il doit ne faire état que de données confirmées, faire preuve de prudence et avoir le souci des répercussions de ses propos auprès du public. Il doit se garder à cette occasion de toute attitude publicitaire, soit personnelle, soit en faveur des organismes où il exerce ou auxquels il prête son concours, soit en faveur d’une cause qui ne soit pas d’intérêt général. »

Quelque temps plus tard, il se rétracte légèrement, avec une légèreté ahurissante, dans un article du Monde en condamnant les propos malheureux d’autisme virtuel qui (selon lui) n’auraient pas été utilisés par le Dr Ducanda. On dispose néanmoins d’un nombre conséquent de captures écran où on peut lire ce terme sous les vidéos YouTube ou le site du COSE de l’intéressée en plus d’autres joyeusetés sur des diagnostics posés à tort par les CRA…

Mais pire, il nous présente le nom d’un nouveau syndrome, inconnu jusqu’ici également : l’EPEE, « exposition précoce et excessive aux écrans », nouveau trouble neuro-développemental selon son interprétation.

Le soutien du Professeur Marcelli

#DUCANDA #COSE #AutismeVirtuel : “L’exposition est un trouble” pour Prof Marcelli (psychanalyste) !

Ainsi, un Pr émérite ayant déjà eu des propos fort douteux à propos d’autisme, à commencer par sa comparaison avec un cancer que l’on pourrait opérer, se pique de nous parler neurosciences, lui que le préfixe neuro à toutes les sauces exaspérait encore il y a peu…

à 4’30 : « l’autisme est une maladie que je dirais presque analogue au cancer, où vous avez des cancers tout à fait bénins, que vous pouvez opérer et vous êtes définitivement guéris, et vous avez des formes extrêmement graves, extrêmement handicapantes »

à 11’25 : « prenons par exemple le cas de la dépression maternelle, il est vrai qu’un certain nombre d’enfants autistes, dans leurs antécédents, ont été confrontés à une maman plus ou moins gravement déprimée, et il est vrai que la dépression maternelle entrave la maman dans sa capacité de communication avec son bébé […] c’est un facteur qui a pu participer aux différentes constructions de l’autisme »

Morceaux choisis :

« Sans s’étendre ici sur l’aspect artificiel de ces regroupements, comment croire un instant qu’une conduite d’opposition, qu’une attitude de provocation, qu’un refus de respecter des règles puisse se comprendre en dehors de toute prise en considération de l’environnement ! Pourquoi parler d’épidémie ? Toutes les enquêtes épidémiologiques montrent une augmentation importante de ces divers troubles dans la population générale, avec d’ailleurs une fréquence aux Etats-Unis qui est à peu près le double de celle observée en Europe. Que signifient cette différence et cette augmentation au cours des vingt à trente dernières années ? Un nouveau gène de l’opposition, de l’agitation ou de la délinquance pourrait-il s’exprimer soudainement à cette vitesse en si peu de temps ? Existe-t-il un nouvel agent infectieux qui, tel le virus du SIDA ou de façon plus actuelle le coronavirus, contamine le cerveau des jeunes enfants des sociétés occidentales ? Les psychiatres européens, français en particulier, sont-ils incompétents, incapables d’utiliser correctement ce DSM, instrument de repérage si simple et si objectif, comme a voulu le faire croire une récente enquête de l’INSERM et comme la HAS veut nous remettre le couvert dans une commission en préparation ? Plus sérieusement, n’est-on pas, au travers de ces « troubles », confrontés aux conséquences des changements éducatifs importants survenus depuis trente ou quarante ans ? Pourquoi refuser de prendre en compte ces changements éducatifs comme possible origine des symptômes de ces enfants et incriminer en priorité les gènes, les chromosomes, les neuro-transmetteurs et les fonctions neuro-cognitives ? Peut-être parce qu’en procédant de la sorte le cerveau de l’enfant apparait comme le seul responsable ! N’y a-t-il pas là comme une forme subtile de maltraitance à enfant ? »

Lettre de l’Association des Psychiatres de Secteur Infanto-juvénile n°36

Curieux retournement de veste, probablement motivé par le fait que la HAS et la nouvelle stratégie autisme appuient sur l’urgence du diagnostic précoce et d’un accompagnement fondé sur les recommandations de bonnes pratiques, ce qui semble déplaire à ce monsieur qui avait déjà signée une tribune début janvier concernant les nouvelles orientations du plan autisme 4 ainsi qu’une pétition contre un projet de résolution rendant opposables les RBP…

J’estime que cette fausse alerte à caractère sensationnel (jusqu’à preuve du contraire) est de nature à inciter un nombre conséquent de professionnels de la petite enfance à retarder les diagnostics en se focalisant en première intention sur l’usage des écrans, retardant par là-même un accompagnement adapté (aides, outils). De plus, les enseignants réfractaires à l’inclusion scolaire des enfants à besoins particuliers pourront s’en donner à cœur joie en collant les troubles des enfants sur le dos (encore une fois) des parents (via les écrans).

D’autant plus que les membres du COSE appuient leurs alertes sur les « nombreux témoignages » d’enseignants qui se diraient confrontés à une explosion de troubles divers et variés au sein de leurs écoles. Et pour cause : la loi de 2005 sur l’égalité des chances n’est certainement pas étrangère à cette recrudescence d’enfants à besoins particuliers. De ce fait, des enfants qu’on gardait auparavant à la maison ou qu’on plaçait en institution spécialisée se retrouvent de plus en plus nombreux sur les bancs de l’école et ce que ces professionnels croient voir comme une épidémie ne serait en fait que la résultante de l’application de plus en plus systématique de l’inclusion scolaire :

« Depuis 2006, le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire a plus que doublé. Le ministère chargé de l’Éducation nationale a fait des efforts sans précédent pour améliorer la scolarisation en milieu ordinaire des élèves en situation de handicap. Les différents dispositifs de scolarisation, les parcours de formation individualisés et les aménagements personnalisés en fonction des besoins des élèves sont autant de mesures participant à l’inclusion scolaire.

En 2016-2017, 300 815 enfants en situation de handicap ont été scolarisés dans les écoles et établissements relevant du ministère de l’Éducation nationale (public et privé) : 172 145 dans le premier degré et 128 670 dans le second degré. Soit une augmentation de 7, 5% d’élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire par rapport à l’année scolaire 2015-2016″.

La scolarisation des élèves en situation de handicap – Ministère de l’Éducation nationale

Nous avons déjà des témoignages qui remontent de parents ayant reçu des bilans mentionnant « temps d’écran important » ou « écrans nounous », témoignages ayant été remontés au CRAIF (centre ressources autisme IDF), d’autres mentionnant des réflexions d’enseignants à l’endroit de leurs enfants qui ne seraient « pas vraiment autistes », ce serait la faute à la tablette, d’autres où une directrice d’établissement se demande s’il ne faut pas retirer l’ordinateur aux élèves autistes car son usage risquerait « d’aggraver leur autisme », des mamans nous rapportent que leurs enfants ont été diagnostiqués après une « cure d’écran » ratée, pour certaines, un an d’errance avant de se décider à prendre rendez-vous auprès d’un CRA et on en a répertorié que quelques-unes au hasard des discussions sur les réseaux sociaux…

Témoignage de Olivia Cattan sur Facebook

Une journaliste de l’Obs a retrouvé le petit Rayan du reportage d’Envoyé Spécial. Il a rendez-vous à l’Hôpital Robert Debré fin aout.

Écrans : les parents d’enfants autistes demandent au Dr Ducanda de s’arrêter – Par Nolwenn Le Blevennec pour L’Obs

Et les troubles liés à l’usage des écrans ne s’arrêtent malheureusement pas à l’autisme, voilà qu’on s’attaque aussi aux trouble Dys avec une nouvelle lubie : « la main molle » ou « la main-papillon » selon les articles, de plus en plus d’enfants auraient des difficultés à utiliser un stylo selon leurs dires, la faute à l’invasion des écrans, vous trouverez ci-joint un article qui relaye cette rumeur, il y en a plusieurs dizaines déjà qui se propagent dans les médias :

– vidéo de Nathalie Vicarini, soutien du Dr Anne-Lise Ducanda à l’origine de la propagation de l’autisme « virtuel » en France en bas d’article : Vaincre la « main molle », cette « maladie des tablettes » qui empêche les enfants de bien tenir un crayon – Par Danièle Dumont sur HuffPost

– article d’une ergothérapeute qui remet les choses en perspective : Les enfants ont-ils vraiment de plus en plus de mal à tenir un stylo à cause de l’invasion des écrans ?

« On sait bien que les enfants élevés dans un placard ne se développent pas normalement, et on n’incrimine pas l’exposition aux placards, on en déduit juste que c’est une carence de l’environnement. » – Professeur Franck Ramus

Ce qui est absolument condamnable, c’est l’utilisation du mot autisme pour désigner un groupe d’individus comme repoussoir en vue de moraliser une pratique sociale.

C’est ça qui est abject, surtout au moment où on commence à entrevoir la possibilité d’une inclusion, fruit d’une lutte de plusieurs dizaines d’années de la part des associations de familles de personnes autistes. On comprend à travers le message que tente de faire passer ce collectif, affirmant que les enfants qui progressent à l’arrêt des écrans n’étaient pas autistes, qu’un enfant autiste ne pourrait pas progresser. Cela revient à lui dénier son humanité et à le présenter comme une chose…

Quelques liens supplémentaires :

Peut-on parler d’une épidémie d’autisme ? – Par Franck Ramus

Etude de la littérature scientifique : Troubles du Spectre Autistique et outils numériques
LURCO (ERU 43) – Lydie Batilly-Gonin, Géraldine Hilaire-Debove, Cécile Neiro & Sylvia Topouzkhanian

Autisme virtuel et inconséquence réelle – Par Magali Lavielle Guida

Enfants de moins de quatre ans, écrans et troubles du comportement
– Entretien de l’Association Française pour l’Information Scientifique avec Franck Ramus

Les écrans ont-ils un effet causal sur le développement cognitif des enfants ? – Par Ava Guez et Franck Ramus

Les troubles [prétendument] causés par l’exposition des enfants aux écrans – Par Olivier Houdé

Les écrans rendent-ils crétins ? – Par Séverine Erhel

Les écrans vont-ils nous rendre stupides ? – Par Franck Ramus

Threads Twitter analysant plusieurs déclarations quant aux effets des écrans :

Les écrans, c’est méchant ? – Par Pierre Bordaberry

L’acronyme qui tue – Par Hashtag Autisme France

Captures d’écrans :

8 réflexions sur « Écrans et autisme :
l’alerte virale et sans fondement scientifique
 »

  1. Rien que le terme surexposition est trompeur, utilisé pour faire peur, évoquant la radioactivité , les rayons X etc….

  2. Rapport du Haut Conseil de la Santé Publique : Effets de l’exposition des enfants et des jeunes aux écrans

    https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=759&fbclid=IwAR0MYI-hfVRxKf5Y52lIeekQovcJynRVDr3N4tUjbMrEvfZWb9J-wN58Kcg

    « Les recommandations sont basées sur la littérature scientifique et en l’absence de données, sur un consensus d’experts. Le HCSP recommande un accompagnement des enfants à l’utilisation des écrans et l’interdiction des écrans aux enfants de moins de 3 ans, lorsque les conditions d’accompagnement ne sont pas réunies. »

    J’ajoute que le seul endroit dans ce rapport qui mentionne le mot « autisme » évoque les bénéfices des jeux vidéos actifs.

  3. Les chiffres publiés par l’Education nationale font état d’une progression régulière, et très remarquable, d’année en année, de l’inclusion scolaire des enfants et des jeunes en situation de handicap. Leur nombre a plus que triplé en 20 ans. Ils représentent environ 2,7 % de la population scolaire. Le Ministère s’en félicite. Certains s’en étonnent. Comment interpréter cette progression ? En fait, ce n’est pas le nombre des élèves qui a augmenté, ce sont les modalités de la reconnaissance du handicap qui ont évolué.

    https://ecole-et-handicap.fr/augmentation-eleves-inclusion-scolaire/?fbclid=IwAR1MKmYuILi1hwCG_H1cF5d2V4n2AxKg0-86lVY1E9Il-3c6Jv80-4WO_CM

  4. Il est intéressant de voir que les parents plus jeunes, 25-34 ans, sont en moyenne plus pessimistes que les parents de 50 ans et plus, quand on leur demande quelle est l’influence des écrans sur leurs enfants. Ces parents jeunes qui ont eux-mêmes grandi avec les écrans (télé et ordinateur, consoles de jeu…) en connaissent-ils mieux les dangers ? Ou est-ce qu’ils doutent plus facilement de leurs compétences de parents ?

    Pour Thomas Rohmer, ce résultat est révélateur d’une tendance plus profonde : les parents plus jeunes sont constamment bombardés d’injonctions éducatives souvent contradictoires et inutilement anxiogènes.

    Dans les média, on l’a vu récemment avec l’emballement autour de « La Fabrique du crétin digital », le ton est sensationnaliste, voire catastrophiste.

    Les campagnes de santé publique sont parfois formulées sous forme d’interdiction totale, pure et simple (« Pas d’écrans avant 3 ans ») : comment s’assurer que son enfant ne voie aucun écran avant 3 ans… quand la salle d’attente du pédiatre est équipée d’une télé, quand la maîtresse met un dessin animé parce qu’il pleut pendant la récré, quand ces maudits écrans nous suivent partout, tout le temps ?

    Dans de telles conditions, il n’est pas surprenant que le découragement guette. Selon Thomas Rohmer, « Les parents ont l’impression de devoir se transformer en gardes du corps. La pression sociale est incroyablement forte : on intègre le message qu’il faut garantir le risque zéro en permanence, alors que c’est impossible. On est dans une logique de surprotection et les parents sont facilement montrés du doigt, jugés irresponsables au plus petit manquement. C’est très culpabilisant. »

    https://www.open-asso.org/actualite/2020/02/parentalite-face-au-numerique-enquete-open-unaf-mediametrie/?fbclid=IwAR1CNhlQNG6SyGOi5t_CpWklc1-uBr6eFgLDoyyp7EtEyuVjsBis5MiWWFM

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