L’efficacité des thérapies



Nous vous conseillons :  Les psychothérapies sont-elles évaluables ?
­­­                                               ­ ­ ­ ­­Pourquoi conseiller cette thérapie ?

Il est primordial de s’intéresser à la méthodologie des études, ainsi, il nous semble important de vous fournir des liens vers les ressources complètes et de vous inviter à les parcourir.

 

Psychothérapie : Trois approches évaluées

Canceil O., Cottraux J., Falissard B., Flament M., Miermont J., Swendsen J., Teherani M., Thurin J.M. (2004). Inserm.

Cette expertise collective est réalisée sous l’égide de l’Inserm à la demande conjointe de la Direction générale de la santé et de deux associations de patients, l’Unafam et la Fnap-psy. Elle dresse un état des lieux de la littérature internationale sur l’évaluation de l’éfficacité de trois approches psychothérapiques: psychodynamique (psychanalytique), cognitivo-comportementale, familiale et de couple. Les principaux résultats des études d’évaluation sont présentés pour les troubles anxieux, les troubles de l’humeur, la schizophrénie, les troubles des comportements alimentaires, les troubles de la personnalité, et l’alcoolodépendance chez l’adulte. Les travaux spécifiques réalisés chez l’enfant et l’adolescent ont également été analysés. Cet ouvrage s’appuie sur les données scientifiques disponibles en date du dernier semestre 2003. Environ 1 000 articles et documents ont constitué la base documentaire de cette expertise.

Le comité d’experts indépendants s’est réuni pendant un an et demi, de Mai 2002 à Décembre 2003. Les huit experts venaient d’horizons différents : six sur huit avaient été psychanalysés, un était psychanalyste lacanien. Le président de l’International Psychonanalytic Association le Pr Widlocher a été entendu, de même que les Prs David Servan-Schreiber (à l’université de Pittsburgh à l’époque) et Blackburn de l’université de Newcastle. Les débats étaient conduits par Jeanne Etiemble, directeur de recherche à L’INSERM et responsable des expertises collectives INSERM. Le rapport était à la recherche des preuves d’efficacité. Aucune conclusion n’était souhaitée au départ.

Les conclusions : La thérapie psychanalytique avait une efficacité validée dans un seul trouble sur les 16 étudiés : les troubles de personnalité. Les TCC elles aussi avaient une efficacité prouvée dans les troubles de personnalité, mais avec un plus grand nombre d’essais contrôlés. Les thérapies familiales avaient une efficacité prouvée dans cinq syndromes. Il concluait à une efficacité prouvée des thérapies cognitives et comportementales dans 15 troubles (ou syndromes) sur les 16 étudiés. Enfin le rapport INSERM et ses conclusions n’étaient pas différents du rapport de l’OMS de 1993, et du rapport du département de santé anglais de 2001. Il ne diverge pas fondamentalement du rapport Fonagy de l’Association Psychanalytique Internationale (dont on évite de parler dans les milieux analytiques et dans les médias) qui est beaucoup plus sévère dans l’autocritique, que le rapport INSERM sur la psychanalyse et ses dérivés.

Texte complet du rapport – Fascicule synthèse
Réponses aux critiques de Perron et coll.

 

Évaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose 

Revue de la littérature médicale scientifique et de la littérature destinée aux professionnels
Gueguen J., Barry C., Hassler C., Falissard B., avec l’expertise critique de Fauconnier A. et Fournier-Charrière E. (2015). Inserm.

Un rapport remis à la Direction Générale de la Santé par Bruno Falissard et Juliette Gueguen à l’Inserm révèle que si l’hypnose présente un intérêt thérapeutique lors d’anesthésie et pour la prise en charge du syndrome de l’intestin irritableles études ne permettent pas d’établir un bénéfice pour le sevrage tabagique ou la douleur à l’accouchement par exemple.

On distingue plusieurs types d’hypnose selon leur application médicale : l’hypnoanalgésie utilisée comme méthode antalgique, l’hypnosédation qui couple l’hypnose à des produits anesthésiques et enfin l’hypnothérapie à visée psychothérapeutique.

En France, la pratique de l’hypnose est très hétérogène. Le terme d’hypnothérapeute n’est pas protégé (n’importe qui peut se dire hypnothérapeute et délivrer des certificats) et les formations à l’hypnose sont dispensées autant par les universités (diplômes non reconnus par l’ordre des médecins) que par des associations ou des organismes privés. Elles sont pour certaines réservées aux professionnels de santé alors que d’autres sont ouvertes à un public plus large.

Devant ce paysage hétéroclite, l’étude menée par Bruno Falissard et Juliette Gueguen, Caroline Barry et Christine Hassler (Unité Inserm 1018 « Santé mentale et santé publique ») a tenté d’évaluer l’efficacité de cette thérapie complémentaire dans le traitement de plusieurs pathologies. Dans ce but, les chercheurs ont analysé les résultats de 52 essais cliniques ainsi que ceux de 17 essais concernant l’usage de l’EMDR.

L’hypnose a un intérêt thérapeutique dans le syndrome du côlon irritable

Le syndrome du côlon irritable est caractérisé par des douleurs au ventre, des sensations de ballonnement et des phases de diarrhées ou constipations, altérant la qualité de vie des personnes atteintes. Les études testant l’hypnose pour traiter cette pathologie confirment son potentiel : des séances régulières d’hypnothérapie limitent les symptômes digestifs.

L’hypnose réduit la consommation d’antalgiques et de sédatifs

Les scientifiques se sont intéressés à la pratique de l’hypnosédation pendant des examens de chirurgie et radiologie interventionnelle : extraction de dents de sagesse, biopsies mammaires, interventions transcatheter, interruptions de grossesse … Les critères choisis étaient très variables et concernaient autant les patients (intensité douloureuse, anxiété,  consommation médicamenteuse, effets secondaires indésirables) que l’intervention elle-même (durée, coût). Bien que les études ne permettent pas de statuer sur une majorité de ces critères, les résultats concordent sur la consommation de médicaments antalgiques ou sédatifs. Pendant une opération sous anesthésie locale ou générale, l’action des sédatifs est complétée par l’administration d’antalgiques pour contrôler la douleur. Les études montrent que, grâce à l’hypnose, l’usage de ces médicaments est réduit durant ces interventions.

Nous noterons que dans le traitement de la douleur, la réduction par l’hypnose de l’impact émotionnel de celle-ci (à différencier de l’intensité) semble avoir un rôle important : l’effet de l’intervention d’hypnose sur la douleur, les nausées ainsi que la fatigue post-opératoires, passerait en partie par les attentes des patients et la réduction de leur niveau de détresse (l’effet de la détresse n’a pas été identifié pour la douleur et l’effet des attentes n’a pas été identifié pour les nausées).

Ne permet pas la prise en charge du syndrome stress post-traumatique

Les données actuelles n’assurent pas l’avantage de l’hypnose par rapport aux traitements classiques du syndrome de stress post-traumatique, mais l’EMDR a, elle, fait ses preuves. Les thérapies cognitivo-comportementales centrées sur le traumatisme et l’EMDR seraient même les plus efficaces des psychothérapies dans ce cas. Ces conclusions ne s’appliquent cependant qu’aux adultes, trop peu d’essais ayant évalué les effets sur l’enfant ou l’adolescent.

Les données actuelles sont insuffisantes pour la majorité des autres applications de l’hypnose.

Dans certaines pratiques médicales, les études analysées par les scientifiques de l’Inserm n’ont pas permis de conclure à un intérêt de l’hypnose notamment dans :

  • La prise en charge de la douleur pendant l’accouchement
  • La prévention de la dépression post-partum
  • La schizophrénie
  • Le sevrage tabagique
  • Les soins dentaires chez l’adulte et l’enfant

Au vu de ces conclusions, l’enjeu de l’hypnose se situe aussi au niveau éthico-juridique. Malgré les chartes éthiques déjà mises en place à ce jour, la législation en France est toujours vague : l’hypnose peut être proposée autant par des non professionnels de santé comme par le personnel médical. Ainsi, la création d’un système de surveillance semble pertinente pour recueillir les données issues du terrain, mais surtout pour éviter le risque inhérent à tout recours alternatif aux thérapeutiques non conventionnelles : celui de retarder ou d’entraver l’accès à des soins conventionnels qui seraient par ailleurs nécessaires.

Texte complet du rapportCommuniqué : Salle de presse Inserm
Qu’est-ce que l’EMDR ?

 

L’efficacité de la thérapie cognitivo-comportementale : une revue des méta-analyses 

Hofmann, S. G., Asnaani, A., Vonk, I. J. J., Sawyer, A. T., & Fang, A. (2012). Cognitive Therapy and Research.

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est une approche thérapeutique populaire qui a été appliquée à divers problèmes. L’objectif de cette revue est de fournir une étude complète des métanalyses examinant l’efficacité de la TCC.  Un échantillon représentatif de 106 méta-analyses a été examiné pour les problèmes suivants : trouble de la toxicomanie, schizophrénie et autres troubles psychotiques, dépression et dysthymie, trouble bipolaire, troubles anxieux, troubles somatoformes, troubles de l’alimentation, insomnie, troubles de la personnalité, colère et agressivité, comportements criminels, stress général, détresse due à des conditions médicales générales, douleurs chroniques et fatigue, détresse liée aux complications de la grossesse et conditions hormonales féminines. Des revues méta-analytiques supplémentaires ont examiné l’efficacité de la TCC pour divers problèmes chez les enfants et les adultes âgés. Le plus fort soutien existe pour la TCC des troubles anxieux, des troubles somatoformes, de la boulimie, des problèmes de contrôle de la colère et du stress général.

Onze études ont comparé les taux de réponse entre la TCC et d’autres traitements ou conditions de contrôle. La TCC a montré des taux de réponse plus élevés que les conditions de comparaison dans 7 de ces revues et une seule revue  (Leichsenring & Leibig, 2003), conduite par des auteurs d’orientation psychanalytique, a rapporté que la TCC avait des taux de réponse plus faibles que les traitements comparatifs. En général, la base de preuves de la TCC est très forte. À l’exception des enfants et des personnes âgées, aucune étude méta-analytique de la TCC n’a été rapportée sur des sous-groupes spécifiques, tels que les minorités ethniques et les échantillons à faible revenu.

Il est manifeste que le fondement factuel de la TCC est énorme. Étant donné le rapport coût-efficacité de l’intervention, il est surprenant que de nombreux pays, y compris des pays développés, n’aient pas encore adopté la TCC en tant qu’intervention de première ligne pour les troubles mentaux. Une exception notable est l’initiative Améliorer l’accès aux thérapies psychologiques (Improving Access to Psychological Therapies) de la Commission Nationale de la Santé (National Health Commissioning) au Royaume-Uni (Rachman et Wilson, 2008). Nous estimons qu’il est temps que d’autres emboîtent le pas.

Texte complet (anglais)