Psychologie à l’université :
témoignages sur un « Hold-up »

Imaginez que vous soyez un étudiant inscrit en première année de licence de physique à l’université, et que, dans les cours intitulés « astrophysique », on vous enseigne en fait l’astrologie. Pire encore, imaginez que les enseignants dispensant ces cours dissimulent aux étudiants le fait qu’il existe une manière plus scientifique de comprendre l’univers, ou dénigrent l’approche scientifique au prétexte qu’il s’agirait d’une « astrophysique américaine » ou que ce serait l’approche de la physique qui a permis de fabriquer les bombes atomiques. Vous trouvez ce scénario improbable ? Et pourtant, un scénario similaire se joue dans presque toutes les facultés de psychologie françaises (1).

C’est en ces termes que s’ouvre le nouveau documentaire de la réalisatrice Sophie Robert, « Hold-up sur la psychologie », qu’elle a choisi de diffuser librement sur internet, et que nous vous encourageons à visionner.

Si les étudiants en physique étaient formés de la sorte, cela aurait de toute évidence un impact sur la recherche française en physique, qui serait discréditée et marginalisée sur la scène scientifique internationale. Mais l’impact serait peut-être limité au-delà (les ingénieurs étant en France formés dans d’autres établissements). En revanche, un défaut de formation des étudiants en psychologie a un impact sociétal immense.

En effet, la profession de psychologue est un maillon-clé de l’offre de soins en santé mentale. Si les psychologues sont à jour de l’état des connaissances internationales en psychologie et sont formés aux formes de psychothérapie et d’intervention qui ont les meilleures preuves d’efficacité, on peut s’attendre à ce qu’ils répondent bien à la demande d’aide de première intention pour les difficultés psychologiques bénignes (dépression passagère et anxiété de faible intensité), ainsi qu’à la demande de soins efficaces pour les troubles mentaux plus sérieux (dépression et troubles anxieux sévères, phobies, trouble obsessionnel compulsif, trouble bipolaire…). Dans le cas contraire, la population a des soucis à se faire.

Le fait est qu’en France, il y a des raisons de s’inquiéter de la qualité de l’offre de soins en santé mentale. L’un des indices est le fait que les Français sont parmi les plus gros consommateurs de psychotropes en Europe, notamment pour les hypnotiques, les anxiolytiques et les analgésiques opiacés. Il peut y avoir plusieurs raisons à cela, par exemple, les habitudes de prescription des médecins. Mais on ne peut s’empêcher de penser que si les psychologues français étaient parfaitement capables de proposer des psychothérapies efficaces aux personnes qui en ont besoin, ces dernières auraient moins besoin d’avoir recours à des psychotropes.

Il est donc légitime de se poser quelques questions : Quelles sont les pratiques les plus courantes des psychologues français ? Quelle est leur validité scientifique ? Et quelle est leur efficacité sur les troubles mentaux ? Et puisque les psychologues sont formés à l’université, qu’est-ce qui est donc enseigné dans les facultés de psychologie françaises ? Sophie Robert a recherché les réponses à ces questions en recueillant des témoignages auprès d’étudiants et d’anciens étudiants des facultés de psychologie françaises. Ce sont ces témoignages qui sont présentés dans le documentaire « Hold-up sur la psychologie ».

Le constat est accablant : dans la plupart des facultés de psychologie française, les formations de « psychologie clinique » et de « psychopathologie », c’est-à-dire les parcours qui forment les psychologues qui s’occupent des troubles mentaux, sont accaparées en majorité ou en totalité par des approches non scientifiques à l’efficacité non établie. Au premier rang figure, pour des raisons historiques propres à la France, la psychanalyse, mais celle-ci n’a pas le monopole des approches non scientifiques.

Les témoignages convergent sur un certain nombre de constats : enseignement dogmatique, « vérités » assénées sans jamais fournir de justification par des études scientifiques, dénigrement systématique des approches scientifiques, pressions sur les étudiants pour les contraindre à se plier à l’approche hégémonique, pressions sur les étudiants pour les inciter à se soumettre à une analyse (longue et coûteuse pour les étudiants, lucrative pour les prescripteurs), etc.

Ces témoignages ne surprendront personne qui soit familier avec la psychologie universitaire française, qu’ils soient étudiants, enseignants, ou chercheurs : tout le monde connait parfaitement la situation. Nous appelons d’ailleurs ci-dessous tous ceux qui ont connaissance de faits similaires à ajouter leur témoignage en commentaire de cet article. Les personnes que ce documentaire vise à informer sont toutes les autres, qui ne connaissent pas l’enseignement de la psychologie en France, et en premier lieu toutes celles qui seront amenées à consulter un jour un psychologue, et qui n’ont pas les éléments pour savoir à quel point la qualité de l’aide qu’elles vont recevoir dépend de l’approche dans laquelle leur psychologue a été formé.

Dans un prochain article, nous aborderons les facteurs de blocage et les moyens pour obtenir que la psychologie clinique scientifique soit plus systématiquement enseignée à l’université française.

Appel à témoignages

En complément du documentaire Hold-up sur la psychologie, nous invitons les étudiants, anciens étudiants, enseignants-chercheurs en psychologie, mais aussi les usagers, clients et patients des psychologues cliniciens, à ajouter leur propre témoignage en commentaire ci-dessous. Il n’est pas nécessaire de nommer des personnes, en revanche il serait utile de préciser de quelle université et de quelle formation spécifique vous parlez.


Annexe

Pour les personnes qui s’étonneraient que l’on puisse parler d’efficacité et d’évaluation des psychothérapies, ces dernières étant notoirement réputées inévaluables, nous recommandons la lecture de ce précédent article du même auteur.

Pour les personnes qui ne comprennent pas ce que l’on reproche à cette auguste « science de l’inconscient » qu’est la psychanalyse, voici quelques visionnages et lectures recommandées :

Vous pouvez retrouver les précédents documentaires de Sophie Robert :


Note

(1) Le phénomène concerne aussi des facultés de psychologie en Belgique et en Suisse francophones, ainsi qu’au Liban, comme nous le découvrons dans le documentaire. Il est également endémique en Argentine et au Brésil.

52 réflexions sur « Psychologie à l’université :
témoignages sur un « Hold-up »
 »

  1. Bonjour et merci à vous,

    Nous nous situons en Côte d’Or, près de Dijon, fief psychanalytique au possible où ce dogme sévit dans toutes les structures existantes: université, Centre Ressource Autisme, Centre pour Ados(adosphère), CMP, CAMSP, Hôpitaux Psychiatriques de Jour(HPJ), HP( la Chartreuse)etc.

    Il se trouve que la femme du maire de Dijon est psychanalyste, que entres autres, Fabien Joly, ancien directeur du CRA, est président du CIRPPA(colloque à dijon en 2018, voir Fb Dijon 31 MArs) et affilié  » Corps et psyché ». Ses diverses publications, parfois en collaboration du nouveau directeur du CRA le Dr Pinoit, sont bien évidemment disponibles dans la bibliothèque du CRA, parmi nombres d’autres publications psychanalytiques. Bref, on en a marre !

  2. Bonjour,
    Même sentiment que les invités de l’émission par rapport à la licence de Paris 5. L’approche de la psychologie clinique y est entièrement psychanalytique, sans aucun cours sur les TCC ou autres… Cela a peut-être changé depuis, je parle des années 2010-2013. J’ai opté pour un cursus neuropsy, malgré la scission du master clinique en deux cursus ( intégratif et psycha). Avec le recul, je me dis que c’est en partie de peur que le master intégratif soit encore trop orienté psychanalyse. Je me forme donc après coup aux TCC. C’était le mot d’ordre durant le master neuropsy: « vous pourrez faire de la formation continue par la suite sur d’autres aspects cliniques »… Mais selon moi le problème vient de la licence, il y a un manque cruel de formation clinique digne de ce nom.
    Merci pour votre travail.

  3. Aujourd’hui neuropsychologue Spécialisée en Trouble du Spectre de l’Autisme, j’ai commencé mes études à l’université de Toulouse Le Mirail (actuellement université Jean Jaurès)
    A l’epoque, il y a environ 10 ans, en cours de psychopathologie nous apprenions en Licence 3 qu’il y avait 3 formes d’autisme: autisme primaire, autisme secondaire et l’autisme à carapace. Toulouse était connue comme un bastion de Lacan, expliquant qu’un enfant avec autisme ne parlait pas à cause de « la barrière langagière du Nom du Père ».
    Lors de TD de psychopathologie (avec pour seules références théoriques la psychanalyse), nous devions « nous imprégner des cours », même si nous ne comprenions rien, et cela importait peu car « notre inconscient travaillait, et tout ressortirait pour le partiel ».
    Heureusement, à l’epoque existait un DU Autisme dirigé par Mme Bernadette ROGE, qui m’a permis de suivre les dernières recherches concernant l’autisme.
    J’ai donc décidé de changer d’université, et suit parti suivre un Master de Neuropsychologie à l’université Aix-Marseille.
    17 étudiants en Master 2 contre 150 en psychologie clinique et psychanalyse, cela donne un aperçu des futurs professionnels que l’on aurait sur le terrain.
    Aujourd’hui, exerçant en libéral, et également formatrice, je suis confrontée quotidiennement à la main mise de la psychanalyse.
    A l’école, via les psychologues scolaires, dans les CAMSP, CMP, hôpitaux de jour qui sont dans le refus d’evaluation et pose des diagnostics d’un autre temps (psychose infantile précoce et autres aberrations…), dans les établissements médico-sociaux et hospitaliers qui utilisent encore des pratiques (atelier patageoire, packing,… et j’en passe)qui ont été clairement identifiées comme non recommandées.
    Les recommandations de l’HAS et de l’ANESM, ainsi que les classifications du DSM V et de la CIM-10 sont souvent décriées, et nous frôlons la théorie du complot.
    Et, encore plus inquiétant les jeunes diplômés psychologues, éducateurs spécialisés, psychomotriciens sortent des écoles avec pour seul bagage des théories psychanalytiques.
    Heureusement, la situation évolue.
    Par exemple sur Toulouse Jean Jaurès, un Master 2 Psychologie des Troubles Neuro-developpementaux a vu le jour.
    Bref…, à quand une homogénéisation des formations médicales, paramédicales, sociales et pédagogiques sur des pratiques fondées sur des preuves ?

    1. @Seignan
      Bonjour,
      Je suis étudiante en licence de psychologie au Mirail et également en psychomotricité à Paul Sabatier.
      Concernant les études de psychomotricité, seule une école recevait une formation imprégnée par les théories psychanalytiques jusqu’à peu (celle de Lyon) mais la direction a changé et il en est bien autrement aujourd’hui. Les psychomotriciens sont formés à l’utilisation de tests étalonnés et travaillent avec des bilans. Malheureusement, certains professionnels ne les utilisent pas mais cela n’est pas imputable à l’enseignement qu’ils ont reçu. A l’école de Toulouse, le DSM5 est une bible et les psychomotriciens en formation travaillent sur des méthodes dont l’efficacité a été prouvée scientifiquement (CO-OP, imagerie cérébrale, neurobiofeedback par exemple…).
      Pour la licence de psychologie du Mirail, je ne suis qu’en L2 mais l’enseignement de la psychanalyse est devenu très (voire trop) léger (un seul chapitre d’une UE de psychopathologie, sur 7 UE).
      Cordialement

    2. Réponse à « inco gnito » :

      Merci de ton retour.

      Néanmoins tu soulèves d’autres problématiques.
      On n’est pas scientifique à partir du moment où on rejette la psychanalyse.
      Outre qu’elle puisse être incrustée sans se nommer, il y a d’autres pseudo-sciences, croyances, et manque de formation méthodologique.

      En l’occurrence, ce que tu appelles des méthodes prouvées scientifiquement :
      – Dire que le DSM 5 est une bible je ne suis pas convaincu que ce soit une bonne chose.
      – CO-OP, je vais éviter de juger sans plus me renseigner.
      – L’imagerie, je ne vois pas en quoi c’est une méthode, il convient d’expliquer concrètement ce que tu peux en faire dans la prise en charge.
      – Le neurobiofeedback, ce n’est pas prouvé scientifiquement, ça a au contraire pleins de prétentions illégitimes.

      Quant au fait que les psychomotriciens utilisent des tests neuropsychologiques sans avoir de master de neuropsychologie, c’est également une forte problèmatique, ainsi que certaines activités mises en place avec des noms/prétentions abusifs (mais ce n’est pas une problématique qui leur est spécifique).

      —–

      Pourquoi/en quoi l’enseignement de la psychanalyse serait-il devenu trop léger ?

      Respectueusement,
      Maxime

  4. Bonjour. Merci pour cette vidéo très enrichissante et dont je partage les points de vue. Elle est déculpabilisante la fac ne nous forme pas correctement. C’est le terrain et les formations post fac qui nous ouvrent le champ de la psychothérapie pour aider le patient.
    A mon époque 2009 je ressentais une dichotomie entre clinique et cognitive sur Poitiers. La clinique était très psycha ..

    Autre détail, j’ai vu dautres vidéos où vous interviewez et je dois dire que j’ai eu l’impression de voir mon sosie ! C’est déroutant et flippant.

  5. Ancien étudiant à Lyon2
    Cours de patho uniquement baser sur une approche psychanalytique avec en plus une spécialité assez particulière, la récupération d autre forme de thérapie sous des termes psychanalytique . Par exemple les entretiens des thérapies familiale sont présentés sous là dénomination  » psychanalyse de groupe  » ect … Ce qui rend d autant plus compliqué pour un élève souhaitant se former sur d autre base de le faire .
    Tout les professeurs critique de la psychanalyse sont soit cantonner à des domaines ne touchant pas directement à psychopathologie ( psychologie social , science cognitive ) soit reste à des échelons inférieur. C est à un point où le seul cours ( en option ) portant sur les approches comportementalistes est fait par un profs extérieur à la fac qui apprend au élèves que si ils veulent se former alors il doivent changer de fac
    Le pire étant pour moi les cours d éthique ou le seul outil donner à l eleve pour pensé ça pratique sont d ordre nécessairement psychanalytique et ou toute forme de psychologie scientifique est présenté comme dérivant des expérimentations des camps nazis ( véridique des cours absolument terrifiant ) .
    Sinon des la première année l accent est mis sur l inceste pour expliquer absolument toute les formes de « psychose « ( surtout de la part des Lacaniens ) . Aucun cours sur les approches de la thérapie brève ect ….
    Les cours d épistémologie sont surréaliste prônant « un régime de scientificité particulier  » de la psychologie n ayant pas à suivre les règles de l expérimentation et de la vérification par ce que je cités  » on ne peut pas démontrer ce que freud écris donc c est que les règles de la science sont mauvaise  »

    Bref une vaste farce qui forces les élèves qui ont besoin du titre à tenir la ligne sous peine d etre saquer et donc à apprendre à mentir et surtout à ne pas sortir du lot

  6. C super intéressant et je comprends pourquoi j’ai eu des commentaires en stage de la part de la psychologue intervenant en ASE que je ne me situait pas dans la pratique de psychologue. C’était en maîtrise. Je ne me retrouvait pas dans la démarche de la psychologie clinique, ni en psychopathologie. J’ai fait trois université différentes : Tours avec les théorie de Freud et le DSM 4 à mon époque, Rennes avec Lacan et la forclusion du nom du père qui m’a marqué à tout jamais (pour anecdote j’avais demandé au professeur comment je pouvais comprendre LACAN et la forclusion du nom du père. Il m’a répondu qu’il n’y avait rien à comprendre, il fallait tout apprendre. Et bien je n’ai pas réussi à intégrer même en apprenant tout par coeur). J’ai alors poursuivi ma maitrise en psychologie du Développement de l’enfant et de l’adolescent à Paris10 et j’ai beaucoup aimé, car on ne voyait pas que Piaget. J’ai découvert toutes les autres théories loco comme nous disait notre professeurs: Boris cyrulnik, l’attachement… Puis j’ai poursuivi en psychologie de l’orientation car je m’intéressait à tout dans la psychologie et dans ma pratique, je conseille aux personnes les thérapies en fonction des situations des personnes : thérapies TCC, thérapies EMDR….Dans ma pratique d’évaluation et d’orientation, j’utilise les outils psychologiques (tests non clinique). J’ai eu en effet beaucoup de critiques au départ dans mon parcours car je ne me retrouvais pas dans la clinique et la psychanalyse surtout lors de mes stages dans les institutions ASE, CMPP.

  7. J’ai étudié jusqu’au M1 à la fac de Toulouse le Mirail moi aussi, aujourd’hui Toulouse Jean Jaurès. C’était de 2002 à 2008. Dans les cours de Psychopathologie clinique, on nous enseignait les névroses, les psychoses et les états-limites selon la théorie psychanalytique, sans aucune référence au DSM. En psychologie du développement, on nous enseignait les stades de développement psychiques (oral, anal…) les complexes d’Oedipe et de castration… Dans aucun de ces cours, que j’ai relu bien plus tard pour vérifier avant de les jeter à la poubelle, il n’était dit « Ceci est la théorie psychanalytique, mais il existe d’autres formes de classification des troubles mentaux, d’autres théories du développement »… Dans le cours de Licence (on dirait L3 aujourd’hui) qui aborde la psychothérapie, sur 92 pages, il y avait 1 page sur les autres méthodes, dont 4 lignes sur les Thérapies cognitives et comportementales, qui sont pourtant celles qui ont les meilleures preuves scientifiques d’efficacité. A l’oral, on nous expliquait tous les clichés sur les TCC : que c’était du dressage, de la thérapie de surface, qui déplace le symptôme, qui ne respecte pas l’individu…
    Les cours de Psychologie cognitive abordaient les processus neuropsychologiques, sous un angle de recherche, sans aucun lien avec la « clinique » et la psychopathologie. En bref, nous étions clairement formatés à la psychanalyse, sans même qu’il nous soit explicité que c’était une approche parmi d’autres : la Psychologie clinique, c’était ça. Point.
    Heureusement, attirée par la neuro psychologie, j’ai fait mon M2 à Montpellier, et ai eu la chance de rencontrer dans le M2 de neuro psychologie, des enseignants qui s’appuient sur une démarche scientifique et enseignent une psychologie basée sur les preuves, ce qui m’a permis de découvrir ce que sont vraiment les TCC, et l’ampleur des différentes approches existantes, et comment évaluer la pertinence d’une étude scientifique. Ma pratique en a, fort heureusement pour moi et surtout pour mes patients, été bouleversée.
    Quand j’ai pris conscience en 2011 de la gravité de l’arnaque que constitue l’enseignement de Psychologie à l’université toulousaine, j’ai eu envie de porter plainte. Puis la colère m’est passée… Mais peut être devrions-nous…

  8. En Belgique, dans une université libre (non confessionnelle), on enseignait encore, il n’y a pas si longtemps moins de 10 ans), Freud, Lacan, les test projectifs comme Rorschach et d’autres non-sens. On avait aussi des cours sur les thérapies psychodynamiques mais aussi sur la systémique et les TCC. EN dehors de cela, on avait aussi des cours de Neuropsycho, d’analyse des pratiques thérapeutiques, de cognition sociale, de remise en question, etc. Il y avait donc une certaine incohérence dans le programme. In fine, on répond ce qu’on attend de nous puis on ouvre des bouquins, des articles, des recherches et on développe son esprit critique… mais ce ne fut pas le cas de tout le monde. Et parler de pratique basée sur les évidences scientifique reste une bonne manière de se retrouver ostracisé dans la communauté, sauf quand vous allez dans les associations de TCC. Mais même là, j’ai vu des « extrémistes » qui ne pouvaient plus se remettre en question ni leur pratique. Par chance, cela change avec les nouvelles générations de profs et d’assistants.

  9. J’ai étudié mes deux premières années de psychologie à la fac de Rennes 2. Je ne saurais dire si c’était du Lacan ou du Freud mais la clinique était bel et bien basée sur la psychanalyse. Les hasards de la vie ont fait que j’ai déménagé à Nice dont la fac est également toute dédiée à la psychanalyse. Toute ? Non, car un petit professeur et un petit Master résistait encore et toujours à l’envahisseur psychanalyste : Michel Cariou, aujourd’hui décédé, avait élaboré la théorie du détour qu’il enseignait dans son Master II « Psychologie clinique et gérontologique » et dans quelques enseignements sporadiques de Licence et de Master I. J’aime à dire que cette approche était (puisqu’elle n’est plus enseignée) non clivante puisqu’ouverte aux autres domaines scientifiques et basée sur la psychologie développementale, les travaux notamment d’Henri Wallon, ou encore sur la théorie de l’évolution aussi. Je suis sorti diplômé en 2014 et nous étions la dernière promo formée à cette théorie, aujourd’hui le Master II du même nom n’enseigne plus que psychanalyse et approches thérapeutiques à la mode. Car ne nous leurrons pas, le problème n’est pas tant la psychanalyse que la mécompréhension de l’humain que je mettrais volontiers sur le dos d’une société qui robotise et déshumanise les personnes tant qu’elle peut. Face à une approche globale sectaire comme la psychanalyse, n’opposons pas un réductionnisme à base de thérapies brèves de tout acabit. L’humain vaut mieux que ça.

    1. Merci pour ton témoignage.

      Néanmoins, je pense que tu n’es pas formée aux thérapies brèves, si tu penses qu’elles robotisent/déshumanisent/réduisent l’humain, tu n’as pas à avoir d’inquiétude là-dessus 🙂

  10. J’ai eu affaire à un psy. Au lieu de me soigner, il me faisait des jeux de mots. Lorsque je lui ai parlé d’entamer un diagnostic d’autisme, il m’a crié dessus, affirmant que je n’étais pas autiste (alors que j’ai eu mon diagnostic…) sous prétexte que je ne ressemblais pas au stéréotype montré à la télé. J’ai essayé de lui parler des viols conjugaux que je vivais, il m’a fait taire en me disant que mon compagnon d’alors avait raison et que je devais « faire des efforts ». Lorsque j’ai eu assez des violences, mon psy m’a forcée à rester avec mon compagnon d’alors sous prétexte que je ne saurais pas me débrouiller seule. Quand je lui ai fait part de mes tocs, il a rigolé en me disant que j’avais qu’à pas le faire. Lorsque j’ai demandé de l’aide pour mes troubles du comportement alimentaire, il m’a répondu que mes TCA étaient dus à une peur d’être sexy et que si je voulais être sexy je n’aurais pas de TCA. Il refusait de mettre un nom sur mes problèmes, j’ai dû batailler avec lui pour qu’il remplisse du bout des doigts un certificat médical dont j’avais absolument besoin, son argument était qu’il « fallait pas mettre les gens dans des cases ». Sauf que sans ma « case » je ne pouvais pas chercher de l’aide en-dehors de son bureau, je ne pouvais pas trouver des personnes avec les mêmes problèmes pour en parler, et j’étais toujours perdue face à ma santé, à ne pas comprendre la logique des médicaments qu’il me donnait. Il avait l’air vraiment persuadé que ses jeux de mots qu’il faisait à tout bout de champ détenaient la seule solution pour me guérir.

  11. Bonjour ,
    Je suis étudiante en M1 psychologie clinique et psychothérapie , et certains points de cet article sont effectivement confirmés . En revanche d’autres sont plutôt des généralités mal documentées . Comme chaque fac peut proposer un programme différent , une orientation différente , c’est donc différent partout . Mais c’est Vrai que la psychanalyse a dominé en France pendant tellement de temps que c’est dur de s’en Détacher ! On m’a refusé des stages parce que je n’etais Pas en analyse ou parce que ma fac n’était pas assez orientée psychanalyse . La pression je la ressens plus des professionnels que de la fac . Heureusement on voit quand même que ça évolue avec des facs qui proposent de plus en plus des cursus intégratifs , des profs aussi qui s’ouvrent de plus en plus. A nous aussi étudiant de faire le reste , plus les demandes augmenteront pour les cursus intégratifs plus ils en ouvriront et moins il y en aura dans les cursus fermés pur psychanalyse plus ils en fermeront ….

  12. Bonjour,

    Je suis étudiant en L3 psychologie à l’université de Toulouse Jean-Jaurès.
    Et je suis dans l’obligation de dénoncer l’apprentissage psychanalytique que j’ai dû subir en première année, ainsi que l’influence du lobbying psychanalytique sur mes connaissances de seconde et troisième année.

    Par exemple : l’autisme est toujours vu comme une pathologie (alors que ce n’est plus le cas, scientifiquement, depuis 1980). L’un de mes partiels en première année présente l’autisme comme une maladie.

    J’ai bien essayé de corriger cette information, mais je me suis vu réprimandé (jugé « fermer d’esprit » pour avoir critiqué un avis « différent ») pour avoir osé défier la parole d’enseignants qui « ont le droit d’être d’obédience psychanalytique ».

  13. Bonjour, je suis étudiante en L3 de psycho à Toulouse. Je suis en train de réviser l’UE clinique référencée uniquement avec des auteurs psychanalytiques. Voici ce qui est écrit noir sur blanc dans le cours du sed (service d’enseignement à distance) : « beaucoup de psycho pathologies peuvent de comprendre comme des effets de la séparation, comme l’autisme. Tustin parle « d’enfants prématurés de la séparation ». La séparation serait arrivée trop tôt, à un moment où l’enfant ne pouvait pas métaboliser la séparation, ce qui produit de l’enfermement ». Voilà un exemple parmi d’autres qu’on peut entendre dans cette université…

    1. J’ai fait ma licence à Toulouse, et un bout de master à Paris 8, et en effet, chez l’un, l’homosexualité serait une pathologie dûe à un traumatisme (guérissable par psychanalyse !), et chez et chez les autres, il était attendu lors d’un partiel que l’on explique l’autisme d’un enfant par le vécu de mort de sa mère qui vivait un deuil pendant sa grossesse…Mais il ne s’agit pas de tous les profs : en santé, mécanismes de défense, Master de psychothérapies etc, il y a des profs engagés pour une méthode scientifique capable d’aiguiller la pratique vers ce qui est le mieux pour les patients, ex, Stacey Callahan.

  14. Bonjour,
    Entièrement d’accord avec vous sur le fonds même s’il ne faut peut être pas oublier les bons et loyaux services rendus par la psychanalyse à une époque où rien d’autre ou presque n’existait…. Ni oublier le fait que de nombreux patients se sont sentis mieux grâce à la psychanalyse, ce qui ne valide pas non plus scientifiquement la psychanalyse – mécanisme d’action comparable à la prière, ou à l’effet placebo…
    Il y aurait tant a dire…
    Content en tout cas que les choses bougent enfin dans l’intérêt des patients !!
    A lire : « Freud le crépuscule d’une idole » de Michel Onfray.

    1. Bonjour 🙂

      Quels bons et loyaux services ? ^^

      J’invite à regarder les vidéos de Pierre Bordaberry et de Jacques Van Rillaer ☺️

      Tout à fait ! : Dans l’intérêt des patients, notre déontologie est de toujours nous mettre à jour vers les pratiques pouvant les aider au mieux 👍

  15. Bonjour,

    Je suis éducateur spécialisé. Dans le secteur du travail social et médico-social l’influence de la psychanalyse est aussi fortement présente. J’y ai longtemps cru. Or aujourd’hui, face au peu de preuves scientifiques de cette « méthode », je m’en détache. Je me retrouve démuni car sans éléments théoriques pour l’accompagnement social et éducatif. Heureusement, il y a d’autres domaines théoriques qui sont utilisables dans mon métier (Sociologie, pédagogie, philosophie…). Néanmoins, la prédominance de la psychanalyse dans les cours et la façon de pensée laisse peu de place aux autres courants de la psychologie. C’est un vrai souci et je me demande comment, sans preuves scientifiques, peut on continuer à diffuser la psychanalyse.

  16. J’ai effectué mes études de licence et master 1 en psychologie à Clermont-Ferrand (Université Blaise Pascal). Cet établissement, selon mon point de vue, forme très bien ses étudiants en psychologie (scientifique) en les obligeant à accompagner tout argument avancé par un article scientifique. Il y a un service qui s’occupe de vérifier les études (et pas seulement celles menées au CNRS local) d’un point de vue méthodologique mais aussi calcul de statistiques… La psychanalyse n’a jamais été enseignée là-bas mais ça reste dommageable, même si elle ne possède aucune validité scientifique, elle a fait avancer la psychologie (au même titre que les théories de Piaget sur le développement du rêve et de l’imagination chez l’enfant/nouveau-né, elles sont enseignées mais aussi démenties…).

    1. Merci pour ton témoignage 🙂
      Pourrais-tu expliquer en quoi la psychanalyse aurait fait avancer la psychologie s’il te plaît ?

    2. Disons que toute « bêtise » est bonne à faire puisque derrière, on en tire une leçon. Je pense que c’est pareil pour la psychanalyse au même titre que toute autre théorie psychologique ou même simplement scientifique qui aurait été réfutée… Le simple fait de prouver que ça ne fonctionne pas fait avancer les choses.
      Donc, pour moi, je trouve important le fait d’enseigner les théories qui fonctionnent et celles qui ne fonctionnent pas dans le but de pointer du doigt pourquoi ça ne marche pas.
      Je ne sais pas si c’est clair. 🙂

  17. Qu est ce qui vous amène à ramener ce débat sur l efficacité thérapeutique de la psychanalyse…? Et que diriez-vous au sujet des thérapies integratives non enseignées à l université ?

    1. Bonjour Cholley,

      C’est la volonté de mettre la déontologie, et donc le sérieux, en première ligne de notre discipline. Par conséquent, la nécessité de faire rattraper son retard mondial à la France, et de donner l’égalité des chances et des enseignements aux étudiants de Licence partout en France.

      De quelles thérapies souhaitez-vous parler et qu’elle est votre question ?

  18. Bonjour,
    Enfant, mes parents m’ont amené voir un psychanalyste sur recommandations, par rapport à des « problèmes de comportement », après quelques mois de séances hebdomadaires, la conclusion de ce praticien fut que tout venait du fait que mes parents se baladaient parfois dans le plus simple appareil notamment dans la salle de bain. Sa recommandation à l’égard de mes parents fut de ne plus de montrer nus à moi. Cela n’a rien produit dans le sens d’une résolution des problèmes qui avaient amené mes parents à me conduire là. Parents qui d’ailleurs ne connaissaient absolument rien aux différentes théories et pratiques en psychologie, et ne différenciaient pas la psychanalyse de la psychologie à proprement parler. Ce praticien est donc passé tout à fait à côté d’un diagnostic de haut potentiel intellectuel qui a été fait bien plus tard et qui était vraisemblablement un élément qui était en jeu pour beaucoup dans les soucis que je rencontrais dans le milieu scolaire, dans le milieu familial, dans le milieu social plus généralement et également intérieurement, psychologiquement parlant. Il faut savoir que longtemps, les psychanalystes ont nié l’existence de ce psychisme atypique et de l’implication de cette particularité dans le tableau clinique qu’on lui associe et qui est aujourd’hui globalement admis, bien que naturellement régulièrement remis en question, scientificité oblige. Aujourd’hui encore des enseignants-chercheurs exerçant au sein d’universités françaises remettent en question l’existence-même de cette particularité psychique ou nient qu’elle soit impliquée dans le tableau clinique qui y est associé. Pour preuve, l’une d’elle a récemment encore produit une thèse complètement biaisée sur la base d’une lecture du haut potentiel à partir des théories psychanalytiques, où comme à l’habitude, c’est le comportement éducatif des parents qui est pointé du doigt et considéré à l’origine des troubles ou difficultés liés au haut potentiel. Cette thèse est celle de Caroline Goldman de l’université Paris 5, dont voici une interview : http://frblogs.timesofisrael.com/dialogue-avec-caroline-goldman/
    Pour information, je suis aujourd’hui en licence de psychologie à l’université Jean Jaurès de Toulouse.

  19. Bonjour,

    J’apporte ici un témoignage quant à la psychanalyse et sa place dans les universités. Pour le contexte, je suis aujourd’hui neuropsychologue, et j’ai suivi ma formation au sein de deux universités différentes (une en licence, une en master).

    J’ai effectué ma licence à Nancy. Cette formation a été ponctuée de nombreux questionnements quant au choix de ma spécialisation. Et parmi les profs de Nancy, extrêmement peu m’ont aidé à faire ce choix. Là-bas, on propose soit psychanalyse clinique, soit psychanalyse du développement, soit éventuellement psychanalyse de la justice ou du travail. Il y a UN master qui tente d’être intégratif mais quand j’étais en licence on m’a beaucoup déconseillé de le choisir. Il n’est pas vraiment reconnu professionnellement apparemment, et reste très orienté recherche.
    Bref, c’était soit tu fais de la clinique, et donc de la psychanalyse, soit tu fais de la recherche. AUCUNE autre alternative proposée à Nancy. De ce que j’en sais actuellement ça tend à évoluer mais c’est lent et laborieux.

    Florilège de mes cours de licence :
    – « Les femmes devraient mettre des jupes. Une femme qui refuse de mettre des jupes, il y a quelque chose à creuser dans ses interactions précoces (…) »
    – Divers propos sur l’homosexualité, cette maladie si difficile à traiter
    – Divers propos sur l’autisme, cette psychose infantile dûe à une mère trop [insérez ici qualificatif péjoratif aléatoire]
    – Des conseils de lectures allant de Freud à Anzieu, en passant par Golse. Parfois Winnicott.
    – Pas de cours de neuropsy.

    J’ai plus vraiment de citations précises sous la main, malheureusement. Mais c’est pour donner une idée de l’ambiance. En L2, on était environ 3 dans ma promo à réellement questionner ces enseignements. Par questionner j’entends : aller lire des articles scientifiques récents pour se former en psychopathologie.
    Le seul modèle théorique enseigné en psychopatho là-bas, c’est la psychanalyse. La « classification » de Bergeret fait figure de texte sacré, on nous a à peine évoqué le DSM, encore moins les neurosciences. Quand j’ai pu partir à l’étranger faire une année d’échange, ça a été une claque pour moi : je n’étais toujours pas sûr de la spécialisation que je voulais choisir, mais je savais que je ne voulais PAS faire mon master à Nancy. (Bref j’ai fini par faire neuropsy)

    Conséquence : quand, professionnellement, je suis amené à interagir avec des psychologues clinicien(ne)s formés à Nancy, il est difficile de communiquer. Car pour eux les troubles psychiatriques, c’est névrose, psychose, ou tout-le-reste-qu’on-sait-pas-trop-où-mettre-du-coup-on-dit-état-limite.
    Et comme je tente de pratiquer une psychologie -ou, au moins, une neuropsychologie- fondée sur des preuves… Il m’est difficile de travailler en équipe. Même avec les médecins psychiatres, les échanges sont compliqués.

    Je suis obligé d’adopter un langage particulier pour pouvoir dire quoi que ce soit. C’est-à-dire toutes ces petites expressions comme « les maux, m-a-u-x », « les pairs, p-a-i-r-s », « clivage », « immaturité », « dynamique », « psychisme », « ça vient questionner la question du rapport à (…) ».
    Sinon, on me taxe de réductionniste, ou alors, on me fait comprendre gentiment que je suis trop jeune pour comprendre toute la complexité de l’appareil psychique.

    Je manque en effet probablement de patience et d’ouverture d’esprit… mais étrangement, ces défauts ne se manifestent qu’en présence de collègues psychanalystes. Les patients, je comprends mieux ce qu’ils essaient de dire quand ils parlent, ça a davantage de sens.

    Bonne continuation et bon courage dans votre démarche, que je soutiens à 100%.

    1. J’ai vécu exactement la même chose à Nancy…
      Je crois qu’on a été la première promo à avoir de la neuro : la prof venait de la fac de sciences…
      Sinon, c’était Bergeret, Lacan, Winicott, Piaget,… dans tous les cours.

      Et aucun étudiants qui ne remets ça en question…

  20. Grenoble (~2014) – j’étais dans la partie «  psycho/neuro cognitive » mais ai pu observer que, grosso modo, on donnait aux étudiants le choix entre:
    1) psychologie Clinique, très majoritairement psychanalytique, orientée pratique clinique
    2) psychologie cognitive, à jour des connaissances scientifiques, orientée recherche
    Donc, les étudiants intègrent cette dichotomie: les résultats de la recherche, des études scientifiques (surtout si non francophones) etc. sont vus comme non pertinents pour la pratique de la psychologie clinique.
    Honnêtement avant de voir de mes propres yeux que la psychanalyse domine complètement l’enseignement (et la recherche?) de la psychologie clinique en France j’etais plutôt ouverte au « dialogue » entre approche scientifique et approche psychanalytique. J’ai changé d’avis en voyant ce qu’il en est du « dialogue » dans les faits.
    Maintenant, une autre question: où sont les chercheurs/chercheuses en psychologie clinique en France, pratiquant une recherche « à jour » des connaissances internationales ? Combien ont également une pratique clinique et une pratique d’enseignement? S’il y en a peu, qu’elle est la raison?
    Enfin: il y aurait aussi des choses à faire sur la formation et le domaine de responsabilité des psychiatres. Du fait du remboursement, beaucoup d’usagers des sous de tournent vers les psychiatres pour ce qui relève de la psychologie clinique (thérapie par la parole), typiquement « psychiatres psychanalystes ». Je ne sais pas ce qu’il en est de leur formation aujourd’hui….

  21. Bonjour,
    En France depuis plus de 10 ans, je me permets de témoigner en tant qu’étudiante étrangère, venue naïvement étudier la « psychologie clinique » en France, à l’Université Paris Descartes.
    Issue d’un système de licence américain, j’avais étudié Freud en histoire: nous avions l’obligation de citer des sources scientifiques dans nos travaux qui avaient, pour la majorité, MAXIMUM 5 ans d’ancienneté. Inutile de dire que vu l’ancienneté des références présentée dans les amphithéatres français, je auis tombée de haut… Voulant me renseigner, au bout du deuxième jour de fac, j’ai demandé si j’étais au bon endroit pour me former aux thérapies comportementales et cognitives, car tel était mon choix de référence: mes professeurs m’ont tous affirmé que ce n’était pas le cas. Il m’a fallu du temps pour comprendre que la clinique ne signifiait pas la même chose ici, pour accepter que tout ce que j’avais appris jusque là était critiqué violemment par mes nouveaux professeurs. Il m’a fallu du temps également pour
    combler mes carences en « histoire », apprendre qu’il suffisait d’acheter les cours à 10 euros car il n’évoluaient pas d’année en année, de faire de la rédaction à l’examen alors qu’on m’avait aupréalabe appris la précision, et de réciter par coeur ce que le prof avait envie d’entendre. En effet, la subjectivité était telle que certains correcteurs recevaient plus de copies dans leur piles, comme par hasard…
    J’ai d’abord cherché à partir avant de rester pour des raisons personnelles. Heureusement, les plus grands hopitaux à Paris m’ont ouvert leurs portes et j’ai pu trouvé satisfaction ailleurs qu’à l’université.
    J’ai ensuite fais mon chemin en tant que psycho thérapeute comportementale et cognitive. Je me suis souvent fait aggresser par des professionnes (psychologues ou autres) à cause de mes revendications ou de mon appartenance théorique.
    J’en ai depuis fais un combat personnel: je me rends à tous les débats de Sophie Robert, je m’allie à toute personne ouverte à la cause… Car il s’agit là bien plus que de mon histoire: il s’agit des enfants qui ratent quotidiennement leurs cours pour des soi-disant « déjeuners thérapeutiques » et séances de dessin; de personnes handicapées qui souffrent de ne pas trouver de solutions dans leurs parcours, d’adultes qui ne croient plus au soin, car le soin qu’ils ont un jour sollicité ne leur a jamais donné de réponse… C’est donc contre toutes ces injustices, vécues ou observées, que je témoigne aujourd’hui – et contre tout abus de pouvoir. En espérant bien sur, que nos paroles soient enfin entendues…

    1. Totalement… je suis maintenant aux US et c’est totalement normal pour moi d’avoir des collègues enseignant chercheur cliniciens (TCC ou autre, d’ailleurs) qui font de la recherche, ont une pratique clinique, enseignent, forment des étudiants cliniciens, et se tiennent au courant des avancées dans leur domaine… il y a d’autres problèmes (par ex le coût des etudes, le coût des soins psy, une certaine tendance à méconnaître m la recherche faite hors US/Canada/UK) mais au moins les formations sont grosso modo à jour des connaissances, avec des manuels récents, et faites par des enseignants chercheurs qui même s’ils n’ont plus un programme de recherche actif et/ou une pratique clinique importante se sont inscrits dans cette démarche au moins à un moment dans leur carrière. On peut discuter ensemble sur des bases rationnelles, même d’agissant de cliniciens d’approche type psychodynamique.
      Faut il également rappeler que les psychologues cliniciens sont souvent titulaires d’un doctorat même si tous ne sont pas orientés recherche (psyD/PhD), et que les honoraires de psychologues sont remboursés au même titre que ceux des autres spécialités (c’est à dire mal, soit dit en passant, et uniquement sur la base d’un diagnostique, mais c’est mieux que rien).
      De temps en temps par nostalgie j’ecoute la radio française … régulièrement j’entends passer des psychanalystes (pour parler de tout et de rien, et typiquement pour caser un poncif sur la main mise des neurosciences/approches comportementales); les psychologues d’approche scientifiques sont plus rares et pour l’instant je n’en ai entendu qu’un (Steve Pinker, donc évidemment pas un clinicien…).
      Évidemment on peut vouloir discuter de l’apport philosophique /historique de la psychanalyse, de ce qu son enseignement peut apporter de riche aux étudiants cliniciens ou non etc… mais en faite le seul référent sans contexte historique, sans mise à jour des connaissances… c’est à se taper la tête contre le mur

  22. Une amie étudiante en orthophonie à Paris me demande aujourd’hui des infos sur Boris Cyrulnik car une prof lui a conseillé ses livres. je lui envoie par mp les articles :

    http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2013/06/27/boris-cyrulnik-stop-ou-encore-partie2/ http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2013/05/24/boris-cyrulnik-stop-ou-encore-partie1/ .

    Elle me dit que c’est parce que cette prof lui a tenu des propos qui m’auraient outrés :

     » Elle a dit que l’autisme de mon frère pouvait être lié à un problème d’attachement consécutif à l’adoption… »

    Mon amie qui ne veut pas témoigner mais m’en a donné la permission pense que c’est par ignorance de la prof, car ses cours ne sont pas orientés psychanalyse. De même, ces propos n’ont pas été prononcés lors d’un cours mais après et juste entre la prof et mon amie.

  23. Bonjour, votre existence me réchauffe le cœur.
    J’ai été en L1 de psychologie à Nancy, approche dite « integrative », on sait tous ce que ça veut dire maintenant…
    Je me retrouve totalement dans les discours au sujet des profs qui se comportent comme des « gourous », des cours vides, sans aucune source, les étudiant-e-s qui n’ont pas forcément d’esprit critique à ce sujet et qui sont encouragé-e-s à faire des interprétations fumeuses au sujet des malades, des tests, des bilans etc.
    Je me suis vite rendue compte de l’arnaque et je suis partie en L2 pour Chambery, qui est la meilleure université de neuropsychologie et qui a effectivement une approche scientifique bien que j’ai un prof qui participe à des colloques de psycha, et qui glisse parfois un peu de psychanalyse dans ses cours, de façon insidieuse.
    On a également utilisé le Rocharch, eu droit à des interprétations de maladies psychiques, tels que la schizophrénie qui viendrait d’une angoisse de morcellement, la responsabilité de la mére, le developpement selon les stades anal, oral etc.
    Bref je désespérais de rencontrer des gens aussi indignés que moi

  24. Bonjour, je suis psychologue du travail, et j’ai fait mon cursus à Rennes 2. Je pense qu’on peut raisonnablement dire que l’enseignement psychanalytique est l’unique enseignement dispensé en Licence dans la mesure où l’ensemble des cours de psychologie clinique et de psychopathologie sont assurés par des psychanalystes. Ces cours sont d’ailleurs tellement similaires l’un et l’autre qu’il est frappant de voir le nombre d’étudiants incapables de faire la différence entre « psychologie clinique » et « psychopathologie » (sans parler des étudiants que l’on entend jusqu’au master et même après confondre psychologie clinique/psychopathologie et psychanalyse).
    Pour ma part, j’ai entendu parler pour la première fois des approches cognitivistes en L2 lorsque mon enseignant (ex-disciple de Lacan !) expliquait à l’amphi que les cognitivistes étaient des « homophobes » (soit disant qu’ils cherchent à guérir l’homosexualité, j’ignorais). J’ai entendu parlé des TCC une seconde fois par une chargée de TD cette même année pour m’expliquer que « oui les TCC ont des supers statistiques, mais pas de guérison » (évidemment sans la moindre once de preuve, juste sur la base de son argument d’autorité). Et 3è et dernière fois où j’ai eu le droit à une mention des approches cognitivistes et neuroscientifiques c’était en L3 pour la comparaison finale : les cognitivistes sont des « nazis » (oui oui, le mot a été prononcé).
    En parallèle à ces désinformations, j’ai également du supporter pendant 3 ans des propos … disons d’un autre temps : « la femme n’existe pas », « la femme est un trou », « la robe est un moyen pour la femme de compenser son complexe de castration », « les homosexuels sont des pervers », « c’est normal de ne pas comprendre Lacan, moi-même je ne suis pas toujours sûr », « nous sommes tous soit névrosé, soit psychotique, soit pervers », etc… et bien évidemment tout cela sous forme d’affirmations péremptoires, éventuellement en citant Freud ou Lacan, mais jamais quelqu’un d’autre, et surtout pas une étude publiée avec une méthode et reproductible…
    Pour en rajouter un peu, même si je dois reconnaître ne pas être la personne à l’origine de l’anecdote suivante mais un simple colporteur : lors d’un cours destiné à des master un documentaire est parfois diffusé (dont je n’ai pas le titre malheureusement) tourné façon micro-trottoir avec tout un discours pseudo-complotiste comme quoi les partisans des approches scientifiques seraient en lien avec le méchant BigPharma (parce que pourquoi pas). Pour ma part, je n’ai pas eu le (dé)plaisir d’assister à un tel cours.

    Sur un autre thème, nous avons également le droit à un enseignement spécifiquement dédié à la psychologie projective. Là encore, ces enseignements sont tenus au moins en majorité par des psychanalystes, et comme pour la clinique/patho à la charge de la preuve nul n’est tenu, et aucune source un tant soit peu crédible ne sera fournie. On devra se contenter des affirmations faites par l’enseignant, qui sait, et les accepter (ou pas).

    Enfin, et pour nuancer la situation à Rennes 2, il me tient à coeur de préciser qu’une petite lueur commence doucement à briller, avec l’existence d’un master de psychologie clinique intégrative quasiment purgé de psychanalyse. Je ne connais pas le contenu en détail et peut-être que celui-ci contient des cours pseudo-scientifiques, mais une chose est sûre, la psychanalyse en est (quasiment) absente. Croisons les doigts pour que ces approches se propagent petit à petit à la Licence …

  25. Ya lui, là, et tout une série de services hospitaliers ou de filières d’enseignement à Lyon 2, en lien avec des boîtes privées comme [boîte], et des « experts » façon [nom]. catastrophe sanitaire silencieuse en cours. Ca vise les enfants.

    [URL vers une identité]

    [Modération] PS : Les personnes mises en cause ont été masquées.

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